I

Un jour, dans la paisible ville de Karlaak, en Ilmiora près du Désert des Larmes, il y eut un grand rassemblement de rois, de capitaines et de seigneurs de la guerre.

Ils n’arrivèrent pas en grande pompe, avec des airs majestueux. Ils arrivèrent en toute hâte, la mine sombre, en réponse à l’appel d’Elric, qui demeurait à Karlaak avec sa femme Zarozinia qu’il venait de sauver du Dieu Mort.

Ils s’assemblèrent dans une grande salle où jadis les rois de Karlaak préparaient leurs guerres. Et c’était bien ce qu’ils venaient de faire.

Elric se tenait sur une estrade, devant une grande carte illuminée par des torches. On y voyait les trois grands continents de l’Est, de l’Ouest, et du Sud. Celui de l’Ouest, qui comprenait Jharkor, Dharijor, Shazar, Tarkesh, Myyrrhn et l’Ile de Pan Tang, était coloré en noir car toutes ces nations formaient maintenant un nouvel Empire gouverné par l’alliance entre Pan Tang et Dharijor, qui menaçait la sécurité des nobles qui s’étaient assemblés ici.

Certains de ces hommes vêtus d’armures de guerre étaient des exilés venus de pays conquis. Ils n’étaient guère nombreux. Rares aussi étaient les Imrryriens parents d’Elric, qui s’étaient battus à Sequa et avaient été vaincus par la noire alliance qu’ils essayaient de renverser. À la tête des effrayants Imrryriens se tenait Dyvim Slorm, qui portait Mournblade, sœur de l’épée runique d’Elric.

Montan, Seigneur de Lormyr, était également présent aux côtés des autres souverains du Sud : Jerned de Filkhor, Hozel d’Argimiliar, et Kolthak de Pikarayd, tous couverts d’acier peint, de velours, de soie et de laine.

Les Seigneurs de la Mer venus des Cités Pourpres étaient plus sobrement vêtus de casques et de cuirasses de bronze, de justaucorps, de culottes et de bottes en cuir naturel, et armés de larges épées à deux tranchants. Leurs longs cheveux en désordre et leurs barbes bouclées cachaient presque entièrement leurs visages.

Et tous ceux-là, rois ou Seigneurs de la Mer, étaient enclins à considérer Elric avec suspicion car, des années auparavant, il avait entraîné leurs prédécesseurs dans un raid contre Imrryr, raid qui connut une issue désastreuse, et qui libéra bien des trônes, pour le plus grand avantage de ceux qui maintenant les occupaient.

Un autre groupe était composé des nobles de la partie du continent oriental située à l’est du Désert des Soupirs et du Désert des Larmes. Au-delà de cette zone aride se trouvaient les royaumes d’Eshmir, de Changsaï et d’Okara. Mais il n’y avait pas de contacts entre eux et le reste du monde, sinon par l’intermédiaire d’un petit homme roux qui se tenait près d’Elric, son ami Tristelune d’Elwher, aventurier de l’Est.

Le Régent de Vilmir, oncle du roi qui n’avait que dix mois, dirigeait un dernier groupe composé de sénateurs représentant les villes-états dont Ilmiora était la principale, d’un archer vêtu de rouge, Rackhir, représentant la cité indépendante de Tanelorn, ainsi que de divers Princes-Marchands des villes groupées sous le protectorat de Vilmir.

Une puissante assemblée, représentant toutes les forces de cette partie du monde.

Mais cela suffirait-il, se demandait Elric, pour effacer la menace croissante de l’Ouest ?

Son blanc visage d’albinos était sévère, et le regard de ses yeux rouges, voilé. Il s’adressa à ceux qu’il avait fait venir :

— Comme vous le savez, messeigneurs, la menace de Pan Tang et de Dharijor ne restera plus longtemps confinée au continent occidental. À peine deux mois ont passé depuis leur victoire, mais déjà ils rassemblent une puissante flotte dans le but d’écraser le pouvoir des puissances maritimes.

Ce disant, il regarda en direction des Seigneurs de la Mer et des rois du continent austral.

— Il semble qu’ils ne considèrent pas l’Est comme un danger pour leurs plans immédiats. Si nous ne nous unissons pas maintenant, ils auront de plus grandes chances de succès en conquérant d’abord les puissances maritimes du Sud, puis les villes éparpillées de l’Est. Nous devons former une alliance capable de leur résister.

— Qui vous a dit que tel est leur plan ?

C’était Hozel d’Argimiliar qui avait parlé, un grand homme au visage orgueilleux, enclin, disait-on, à des crises de folie, car il était le fruit de douze unions incestueuses successives.

— Des espions, des réfugiés, et des sources surnaturelles. Tous confirment ce renseignement.

— Même sans ces rapports, il est évident que c’est leur intention, grommela Kargan Œil-Perçant, porte-parole des Seigneurs de la Mer, en regardant Hozel avec un certain mépris. Et il se pourrait même que Jagreen Lern de Pan Tang cherche des alliés parmi les nations du Sud. Il y en a qui préféreraient capituler plutôt que de renoncer à leur vie de luxe et à leurs trésors facilement gagnés.

Hozel lui adressa un sourire glacial.

— Il y en a aussi dont les suspicions animales risquent de les empêcher d’agir contre le Théocrate avant qu’il soit trop tard.

Elric s’empressa d’intervenir, conscient de l’inimitié séculaire qui régnait entre les Seigneurs de la Mer et leurs voisins moins endurcis.

— Le pire serait que nos querelles intestines servent leurs noirs desseins. Hozel, vous pouvez être assuré que mes informations sont exactes.

Montan, Seigneur de Lormyr, aux cheveux et à la barbe aussi gris que son visage, dit avec hauteur :

— Vous, habitants du Nord et de l’Est, êtes faibles. Nous, dans le Sud, nous sommes forts. Pourquoi risquerions-nous nos navires pour défendre vos côtes ? Votre logique me paraît dangereuse, Elric. Ce ne serait pas la première fois que vous menez des hommes de valeur à leur perte !

— Je croyais que nous étions d’accord pour enterrer les querelles anciennes ! répartit Elric, car il se sentait toujours coupable de son action.

— Bien dit, approuva Kargan. Un homme incapable d’oublier le passé l’est également de prévoir l’avenir. Je suis d’accord avec la logique d’Elric.

— Vous avez toujours été trop hardis avec vos navires et trop crédules devant un beau parleur. C’est pourquoi vous enviez nos richesses.

Le jeune Jerned de Filkhor sourit dans sa barbe peu fournie, en fixant le sol.

Kargan se mit en colère.

— Vous vouliez sans doute dire trop honnêtes, homme du Sud ! Nos aïeux ont appris un peu plus tard comment vous les trompiez. Et leurs aïeux écumaient vos côtes, vous en souvient-il ? Peut-être aurions-nous dû continuer cette pratique ! Mais non, nous nous sommes contentés de faire du commerce pendant que vous vous engraissiez à nos dépens ! Dieux ! Je ne croirai jamais en la parole d’un homme du Sud…

Elric allait l’interrompre, mais lui-même fut interrompu par Hozel :

— Voici les faits selon moi. Il y a de fortes chances pour que le Théocrate concentre ses premières attaques contre l’Est, parce que les pays orientaux sont faibles, mal défendus, et que leurs côtes sont facilement accessibles. Pourquoi risquerait-il le sort de ses jeunes forces contre le puissant Sud, au risque d’une traversée bien plus périlleuse ?

— Parce que, dit Elric calmement, leurs navires bénéficieront d’une aide magique et que la distance ne comptera pas pour eux. Et parce que le Sud est plus riche, et leur fournira des métaux, une nourriture abondante…

— Des navires et des hommes ! cracha Kargan.

— Comment ! Vous pensez donc que nous sommes prêts à trahir ! Hozel regarda d’abord Elric, puis Kargan. Pourquoi nous avoir fait venir ici, dans ce cas ?

— Kargan n’a fait qu’exprimer ses propres opinions, pas les miennes, se hâta de dire Elric. Calmez-vous… Nous devons nous unir, si nous ne voulons pas périr devant des armées supérieures aux nôtres et des forces surnaturelles !

— Oh non ! Hozel se tourna vers les autres monarques du Sud. Que vous en semble-t-il, mes pairs ? Leur prêterons-nous nos hommes et nos navires pour protéger leurs côtes en plus des nôtres ?

— Certes non ! murmura Jerned. Que Jagreen Lern use ses forces contre ces ingrats. Ensuite, quand il se tournera vers le Sud, il sera affaibli et nous serons prêts à l’accueillir !

— Fous ! s’écria Elric. Si nous ne nous unissons pas, nous périrons tous ! Les Seigneurs du Chaos soutiennent le Théocrate. S’il vainc, nous ne serons pas seulement assujettis à une puissance humaine, mais à l’horreur de l’anarchie totale, sur terre et dans les cieux ! La race humaine est menacée !

Hozel lui jeta un regard perçant.

— Alors, que la race humaine se protège elle-même, au lieu de se ranger sous la bannière d’un chef inhumain. Chacun sait que les hommes de Melniboné ne sont pas vraiment des hommes.

— Je ne le nie pas, dit Elric, la tête basse. Puis il tendit sa main blanche vers le roi, qui lui tint tête en tremblant. Mais ce n’est pas tout, Hozel d’Argimiliar. Je sais que les hommes des Jeunes Royaumes ne sont qu’un essai des Dieux, des ombres qui précèdent la race des vrais hommes, de même que nous vous avons précédé. Et plus encore ! Je sais que si nous ne vainquons pas Jagreen Lern et ses alliés surnaturels, les hommes seront balayés de cette planète en folie, sans avoir pu accomplir leur destinée !

Hozel humecta ses lèvres desséchées et parla d’une voix tremblante :

— J’ai vu vos pareils divaguer sur la place du marché, Elric, des hommes qui prophétisent toutes sortes de malheurs qui n’arrivent jamais, des hommes aux yeux fous, comme vous. À Argimiliar, nous ne les laissons pas vivre. Nous les faisons frire morceau par morceau jusqu’à ce qu’ils admettent que leurs prédictions sont fausses ! Peut-être pourrons-nous essayer cela sur vous, un jour !

Puis il fit volte-face et sortit presque en courant. Un moment, les autres monarques du Sud parurent irrésolus.

— Ne l’écoutez pas, messeigneurs, leur dit Elric d’une voix pressante. Je jure sur ma vie que j’ai dit vrai !

Jerned murmura tout bas :

— Quelle valeur a ce serment ? La rumeur veut que vous soyez immortel.

Tristelune s’approcha de son ami et lui murmura :

— Il est évident qu’ils ne sont pas convaincus, Elric.

Elric inclina la tête puis, s’adressant aux nobles du Sud :

— Sachez cela : bien que dans la folie vous rejetiez mon offre d’alliance, le jour viendra où vous regretterez votre décision. On m’a insulté dans mon propre palais, on a insulté mes amis, et je vous maudis car vous n’êtes que de stupides parvenus. Mais je vous jure que, lorsque vous aurez appris à regretter votre erreur, nous viendrons à votre aide si c’est en notre pouvoir. Et maintenant, sortez !

Déconcertés et silencieux, les monarques du Sud se dirigèrent vers la porte.

 

Elric se tourna vers Kargan Œil-Perçant.

— Qu’avez-vous décidé. Seigneur de la Mer ?

— Nous sommes avec vous, dit simplement Kargan. Mon frère Smiorgan Tête-Chauve a toujours parlé de vous en bien, et je me fie à ses paroles plutôt qu’aux rumeurs qui ont suivi sa mort. De plus… (il eut un large sourire) nous avons coutume de croire que la décision d’un de ces faiblards du Sud est nécessairement fausse. Les Cités Pourpres sont vos alliées, et nos navires, quoique moins nombreux que les flottes combinées du Sud, sont de rapides voiliers bien équipés pour la guerre.

— Il est de mon devoir de vous prévenir que, sans l’aide du Sud, nos chances sont faibles, dit Elric gravement.

— Je doute qu’ils eussent fait plus que de nous embarrasser avec leurs finasseries et leurs querelles. De plus… ne nous trouverez-vous pas une aide surnaturelle ?

— C’est ce que je compte faire dès demain, répondit Elric. Mon cousin Dyvim Slorm me remplacera ici, tandis que Tristelune et moi irons à l’Ile aux Sorciers, au-delà de Melniboné. Là, parmi les ermites pratiquant le noble art, j’essaierai de contacter les Seigneurs de la Loi. Bien que je combatte le Chaos, vous savez que je suis lié avec lui ; cependant, mes Dieux-Démons tardent à m’apporter leur aide ces temps-ci ; je veux donc faire appel aux Seigneurs Blancs, qui sont, comme nous, écrasés par le pouvoir croissant des Forces Ténébreuses, mais il est difficile de les joindre. Je pense toutefois que les ermites pourront m’aider.

— Je dois admettre, dit Kargan, que cela nous soulage fort de savoir que vous n’êtes pas exclusivement liés avec les esprits des ténèbres.

— Je suis évidemment d’accord. Mais… (Elric se rembrunit) nous sommes si faibles que nous devons accepter n’importe quelle aide, qu’elle soit blanche ou noire. Je suppose que les Maîtres du Chaos ne sont pas d’accord entre eux sur leurs buts définitifs, voilà pourquoi je peux encore obtenir de l’aide de ce côté-là. Cette lame noire que je porte, et sa jumelle qui arme Dyvim Slorm, ont été forgées par des créatures du Chaos, mais dans le but de mettre fin au règne terrestre de leurs Maîtres. Mon allégeance est divisée, et il en est de même pour ces épées. Nous n’avons aucun allié surnaturel auquel nous puissions nous fier entièrement.

— Je ne vous envie pas, dit Kargan sur un ton bourru, et il était évident qu’il parlait sincèrement : nul ne pouvait envier la destinée d’Elric.

Orgon, cousin par alliance de Kargan, se leva brusquement et dit :

— Nous allons nous retirer pour la nuit. Votre cousin a-t-il toute votre confiance ?

Elric regarda Dyvim Slorm en souriant.

— Il a toute ma confiance. Il connaît mes plans, et peut parler en mon nom.

— Parfait. Demain nous conférerons avec lui. Et, si nous ne vous revoyons pas avant votre départ pour l’Ile aux Sorciers, que mes meilleurs vœux vous accompagnent.

Il sortit, suivi des autres Seigneurs de la Mer.

 

Alors pour la première fois, le Régent de Vilmir parla d’une voix claire et froide.

— Nous aussi avons confiance en vous et en votre cousin, Elric. Nous vous savons guerriers de valeur, et stratèges habiles. Vilmir le sait bien, après vos exploits à Bakshaan entre autres. Et nous, du moins, avons la sagesse d’enterrer les vieilles querelles.

Ce disant, il se tourna vers les Princes-Marchands, qui lui donnèrent leur assentiment.

— Je m’en réjouis, dit Elric. Puis il fit face à l’Archer Rouge, Rackhir, dont la renommée égalait presque la sienne.

— Vous êtes le porte-parole de Tanelorn, Rackhir. J’ai ouï dire que ce n’était pas la première fois que vous combattiez les forces du Chaos.

— En effet. Grâce à une aide surnaturelle, nous avons pu sauver la paisible Tanelorn, notre cité. J’ai de nouveau cherché à obtenir cette aide, mais le Chaos a fermé aux mortels les portes menant au monde des Seigneurs Gris. Je ne vous apporte donc que notre loyauté de guerriers.

— Nous vous en sommes reconnaissants.

Elric arpenta l’estrade. Il était inutile d’interroger les sénateurs de Karlaak et des autres villes d’Ilmiora, car dès avant la réunion ils lui avaient donné leur accord inconditionnel.

La même constatation valait pour le groupe des blêmes réfugiés de l’Ouest, conduit par Viri-Sek, jeune prince ailé de Myyrrhn, et dernier de sa lignée depuis que les sbires de Jagreen Lern avaient massacré tous les autres membres de la famille régnante.

Autour des murs de Karlaak s’étendait une mer de tentes et de pavillons, et les bannières d’innombrables nations flottaient mollement dans le vent chaud et humide. Et en ce moment même, Elric le savait, les fiers seigneurs du Sud ramenaient leurs étendards et pliaient leurs tentes sans oser lever les yeux sur les rudes guerriers de Shazar, de Jharkor et de Tarkesh, qui les regardaient faire avec stupéfaction. La vue de ces vétérans endurcis aurait pourtant dû les faire revenir sur leur décision…

Elric se tourna en soupirant vers la grande carte du monde.

— Aujourd’hui, seul un quartier est hachuré de noir, dit-il à Tristelune, mais rapidement la sombre marée s’étend. Elle nous engloutira bientôt.

— Nous endiguerons le flot lorsque le moment sera venu, dit Tristelune avec une désinvolture feinte. Mais je suis certain que votre femme aimerait avoir votre compagnie avant que nous partions. Allons dormir, et espérons que nos rêves seront agréables !

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